Mettre en commun les efforts de la recherche académique en matière de finance durable : c’est la raison d’être de la nouvelle fondation PARC, dont l’Institut des actuaires est membre fondateur. Son président, Bertrand Badré, ancien directeur général de la Banque mondiale et gérant d’un fonds dédié à l’impact investing, revient sur les ambitions de cette nouvelle initiative.
La fondation PARC, pour « Paris Agreement Research Commons », a été inaugurée au Collège de France le 26 février. Quelle est sa vocation ?
Bertrand Badré : L’objectif de la fondation PARC est de contribuer à la transformation de la finance pour la rendre durable, en dynamisant la recherche académique sur le sujet. Nous ne partons évidemment pas d’une table rase : l’Institut Louis Bachelier, qui est à l’origine de l’initiative, mène déjà de nombreux travaux en la matière. Il faut rassembler les ressources intellectuelles pour progresser dans la compréhension des enjeux. Le monde est à un point de bascule. Beaucoup d’engagements ont été pris en 2015, avec l’accord de Paris mais aussi l’adoption des Objectifs de développement durable.
Huit ans plus tard, toutefois, nous voyons que nous ne sommes pas dans le bon tempo, qu’il y a des hésitations de la part de certaines entreprises et des tensions dans certains États et entre États. L’une des nombreuses raisons qui expliquent ce retard est la difficulté de comprendre ce dont nous parlons : le langage de l’assurance n’est pas celui de la banque, qui est également différent de celui des gouvernements, des ONG, des collectivités locales ou des organisations internationales. Chacun étudie le sujet à travers son prisme, mais s’intéresse en réalité peu aux approches des autres. Il faut pousser au rassemblement des travaux. La fondation PARC vise ainsi à faire collaborer des chercheurs de différentes disciplines, mais aussi à permettre les échanges entre chercheurs et professionnels : ces derniers doivent indiquer quels sujets sont prioritaires pour eux, en finançant une chaire par exemple, mais il faut aussi que les chercheurs puissent alerter les praticiens sur certains risques mal pris en compte. Cette collaboration doit fonctionner dans les deux sens. Enfin, la fondation PARC est une initiative française, puisque la direction générale du Trésor, l’Ademe, l’École des ponts et l’Institut des actuaires sont membres fondateurs, mais, grâce à la présence de l’European Climate Foundation, elle a déjà une dimension européenne et s’inscrit dans une volonté de rayonnement international. Il existe en France une tradition de la recherche en finance qui peut contribuer à la compréhension globale des enjeux, à condition d’adopter une démarche interdisciplinaire.