– Décembre 2045 –
En 2045, l’intelligence artificielle a pleinement intégré le monde de la culture. Pourtant, il reste de rares domaines où sa présence continue à faire débat…
Scandale au Goncourt : on te dit tout
Publié le 15 décembre 2045 sur la chaîne Margot Décrypte
Le président du jury Nicolas Mahieu reconnaît avoir eu recours aux services d’une intelligence artificielle pour élire les lauréats des trois dernières années.
Tempête dans le petit monde des lettres. Alors qu’il s’affirmait comme un virulent adversaire des programmes informatiques pour l’évaluation des romans, Nicolas Mahieu, le président du jury du plus prestigieux prix littéraire, s’est fait prendre en flagrant délit d’utilisation d’une IA par le média d’investigation Watch Out. Au moyen d’une enquête rigoureuse, le journaliste Elon Ravier a pu établir que les choix de l’académicien et plusieurs de ses notes de lecture étaient directement inspirés par une IA utilisée en maison d’édition. Nicolas Mahieu a reconnu les faits et laissé entendre qu’il n’était pas le seul juré concerné. L’affaire intervient dans un contexte de remise en question pour l’académie Goncourt. Il y a quatre ans, déjà, une autoproclamée « lanceuse d’alerte », la data analyst Julia Casoetto, annonçait le roman qui serait sacré une heure avant son vote officiel : L’Art du naufrage, de Wendy Boulinier. L’informaticienne disait avoir obtenu ce résultat grâce à un algorithme prédictif, construit sur la base des primés depuis un siècle et des dernières sélections du Goncourt, leurs titres, leurs formats et leurs thématiques. Une vidéo culte montre la future lauréate, contactée par l’informaticienne, arrivant sur le trottoir en face du restaurant chez Drouant, puis gravissant l’escalier jusqu’à la célèbre salle lambrissée. Les exclamations de surprise des jurés découvrant Wendy Boulinier face à eux, alors qu’ils viennent à peine de clore leur vote, ont tourné en boucle sur les réseaux plusieurs jours durant. À la suite de cet incident, Nicolas Mahieu avait reconnu « un relatif conformisme » dans les choix du Goncourt depuis quelques années, s’attirant les foudres des plus récents lauréats.