Présidente de l’Association actuarielle internationale depuis janvier 2022, Roseanne Harris livre sa vision du métier, ses ambitions et revient sur le rôle de l’AAI autour du climat, de la diversité, du futur de l’actuariat…
Vous venez d’accéder à la présidence de l’Association actuarielle internationale (AAI) dans un contexte difficile. Que peut-on dire de la guerre qui a éclaté il y a une semaine en Ukraine ?
Roseanne Harris : La situation en Ukraine est très préoccupante, en termes de souffrance humaine tout d’abord. Mais aussi, bien sûr, en matière de répercussions économiques mondiales alors que nous luttons pour sortir de la pandémie. L’escalade du conflit est vraiment alarmante et les retombées financières sont déjà évidentes. Cette instabilité accroît la volatilité et le risque, et a un impact sur les marchés financiers du monde entier. Elle représente un défi supplémentaire pour la profession actuarielle, qui doit veiller à ce que les institutions financières soient solidement provisionnées.
Au-delà de cette actualité, quelles seront les priorités de votre mandat ?
Roseanne Harris : Il s’agit de retrouver le chemin d’une certaine normalité après la crise du Covid-19 et de réfléchir à ce que nous avons traversé. L’actuariat a beaucoup à offrir en termes de compréhension et d’analyse de cette crise et de son impact sur notre avenir. Une autre priorité demeure la gestion du risque climatique. L’AAI a déjà pris en main le sujet en créant un groupe de travail sur les risques climatiques (GTRC) en 2019, dirigé par Micheline Dionne, qui a notamment présidé l’Institut canadien des actuaires. L’idée est de doter les actuaires d’outils pour travailler cette question climatique. Cela sera un aspect important de mon mandat. À ces enjeux s’ajoute celui des exigences de fonds propres, qui sont, bien sûr, impactés par ces sujets. Par ailleurs, la profession doit être davantage sensibilisée aux enjeux de diversité et d’inclusion. Et cela au sein même de notre organisation, en encourageant une participation plus large et en optimisant les collaborations de nos 106 associations et 60 000 actuaires au niveau mondial.