La fréquence des épisodes de sécheresse devrait augmenter jusqu’à 70 % d’ici 2050, accentuant le phénomène de retrait-gonflement des argiles. Pour les assureurs, confrontés à la complexe recherche des causes et dommages et à l’épineuse question de la remédiation post-sinistre, les défis sont nombreux.
Le retrait-gonflement des argiles (RGA) est un phénomène souterrain, insidieux, certains le disent même « sournois » car, à la différence d’une inondation ou de la grêle, il peut s’écouler des années avant que ses conséquences ne se matérialisent. Mais depuis peu, il s’affiche au grand jour en plombant les comptes du système assurantiel français. Les chiffres sont éloquents : 12 des 20 événements les plus coûteux du régime des catastrophes naturelles entre 1989 et 2023 (1) sont liés à la sécheresse. Les couches d’argile présentes dans le sol, en se déshydratant, se rétractent, avant de retrouver leur volume lorsque la pluie revient.
Ce double mouvement déstabilise les fondations des maisons qui finissent par se fissurer. Le coût moyen annuel des sinistres sécheresses est ainsi passé de 380 millions d’euros sur la période 2003-2015 à 1,4 milliard entre 2016 et 2022 (2), année où il atteint près de 3,5 milliards d’euros. La sécheresse pèse désormais en moyenne 54 % de la sinistralité du régime Cat Nat des dix dernières années. Surtout, du fait du dérèglement climatique, la fréquence des épisodes de sécheresse extrême pourrait croître de 70 % à horizon 2050 selon Covea, conduisant à une hausse du coût moyen annuel de 83 % selon la Caisse centrale de réassurance (CCR). « Le RGA est le “talon d’argile” du régime Cat Nat », glisse Bertrand Delignon, actuaire associé IA, directeur IARD de la Macif. Les assureurs français et leur écosystème sont-ils suffisamment armés pour y faire face ?