En cours de discussion au niveau européen, le règlement Fida doit faciliter la circulation des informations sur les clients des banques et des compagnies d’assurances, y compris le détail de leurs contrats. L’enjeu pour Bruxelles est notamment d’accélérer la digitalisation du secteur financier. Les assureurs traditionnels y voient surtout une source de multiples menaces.
S’il veut tenir tête aux États-Unis et à la Chine, le Vieux continent doit se moderniser, et vite. Forts de cette conviction, les dirigeants européens multiplient, depuis plusieurs années, les textes législatifs visant à stimuler l’émergence d’une économie numérique centrée sur les données. Un mot d’ordre qu’ils veulent continuer de renforcer, comme en témoigne l’agenda stratégique 2024-2029 voté fin juin par le Conseil européen. Avec, tout en haut de la liste des données dont Bruxelles souhaite libérer le « potentiel inexploité », celles émanant des services financiers, assurance incluse.
Un texte de loi, en cours de préparation, incarne cette ambition d’open finance : le règlement Fida, pour financial data access. Proposé par la Commission européenne en juin 2023 (1), ce texte est aujourd’hui entre les mains des législateurs des Conseil et Parlement en vue d’une adoption définitive d’ici fin 2025 et d’une entrée en vigueur qui débuterait deux ans plus tard. Cette perspective inquiète au plus haut point les acteurs de l’assurance. Certains parlent, à chaud, de législation bricolée, rédigée par des financiers qui ont une méconnaissance complète de ce qu’est l’assurance, comparable à un train lancé à pleine vitesse sans frein, signal d’alarme ni même conducteur. Faut-il vraiment avoir peur ?