Selon certains observateurs, les marchés financiers et leur mode de fonctionnement s’immisceraient, ces dernières années, au sein du secteur de l’assurance. Une financiarisation qui transcende largement la traditionnelle opposition entre capitalistes et mutualistes.
Depuis de nombreuses années – et de manière symptomatique à chaque tempête bancaire ou boursière –, des voix s’élèvent pour dénoncer une « financiarisation » de l’économie. Mais c’est une observation que l’on entend aussi de plus en plus souvent appliquée à l’assurance, en dépit de son évident paradoxe. « Il peut sembler un peu tautologique de parler de la financiarisation du secteur assurantiel : quel sens peut-il y avoir à parler de “financiarisation de la finance” ? », reconnaît Pierre François, directeur de recherche au CNRS en sociologie des organisations et membre de la chaire Pari, en introduction de ses travaux sur le sujet (1).
De fait, l’assurance occupe une place à part dans le monde de la finance. « La légitimité de l’assurance et de la réassurance reste attachée à l’événement réel, rappelle Philippe Trainar, professeur titulaire de la chaire assurance du Cnam. Le financier est au service du réel et pas l’inverse. » Toutefois, par plusieurs aspects, le financier semble gagner du terrain selon des modalités assez spécifiques au secteur.