Santé animale : 30 millions d’amis, des trésors pour les assureurs

14 avril 2025  | Par Séverine LEBOUCHER
L'actuariel // Métier // Marché // Santé animale : 30 millions d’amis, des trésors pour les assureurs

Marché florissant au Royaume-Uni et en Suède, l’assurance santé animale a longtemps stagné en France. Depuis quelques années, la donne semble changer : chiens et chats sont de plus en plus perçus comme un membre de la famille qu’il faut couvrir. Une tendance sur laquelle davantage d’assureurs et courtiers veulent se positionner. Mais, pour réussir, la plus grande rigueur actuarielle est de mise.

Dans le monde de l’assurance, tous les produits n’embarquent pas la même dimension affective. Les courtiers qui distribuent des mutuelles pour les chiens et les chats peuvent en témoigner. « Tous les ans, nous recevons de la part de certains de nos clients des cartes de vœux avec la photo de leur animal de compagnie », sourit Myriam Saada, directrice de l’offre et de l’expérience client chez Solly Azar. La filiale de Verspieren est l’un des pionniers du marché de l’assurance santé animale en France. « Le premier produit que nous avons lancé en 1977 était une assurance responsabilité civile pour les chasseurs, et nous leur proposions une garantie complémentaire pour faire face aux frais vétérinaires engagés pour leurs chiens lors des actes de chasse », relate Myriam Saada. Fort du succès du produit, Solly Azar a créé une offre indépendante en 1984. Quarante ans plus tard, le produit existe toujours, et bien d’autres acteurs ont rejoint Solly Azar. Le marché français de l’assurance santé animale est aujourd’hui estimé à un montant total de primes de 200 à 300 millions d’euros, aux mains d’une vingtaine d’assureurs traditionnels et courtiers spécialisés.

Vous souhaitez lire la suite de l’article ?

Achat de l'article

Acheter

Abonnement

S'abonner

Mon compte

Encadré

En France, des acteurs du private equity comme Eurazeo ou Ardian ont investi dans des groupes de soins vétérinaires : 250 millions d’euros dans Sevetys en 2022 pour le premier et 100 millions dans Mon véto en 2023 pour le second. Une financiarisation qui n’épargne pas non plus le secteur de l’assurance santé animale lui-même : Vétassur, la société qui gère la marque Santévet, a ainsi pour actionnaire un de ces fonds, le britannique Columna capital, auprès duquel il a levé 150 millions d’euros en 2022. Aux États-Unis, l’assureur spécialisé Trupanion est même coté au Nasdaq, avec une valorisation boursière qui dépasse 1,3 milliard de dollars. C’est en outre l’une des principales lignes du fonds d’investissement thématique créé par le gérant d’actifs AllianzGI dédié à l’économie des animaux de compagnie.

Encadré

Les assurances chiens et chats sont avant tout des mutuelles de santé, couvrant les frais vétérinaires liés à une maladie ou à un accident, voire en option les actes de prévention (vaccins, vermifuges, stérilisations, etc.). Elles diffèrent donc des garanties de responsabilité civile (RC) dont les animaux de compagnie ont également besoin pour que les dégâts qu’ils pourraient causer à des tiers soient indemnisés. Généralement, c’est l’assurance multirisque habitation qui intervient, mais des extensions de garanties RC peuvent aussi être octroyées en complément d’une mutuelle santé. Il faut enfin distinguer le cas des chiens dits de catégories 1 et 2, les premiers renvoyant aux chiens d’attaque (pitbulls, boerbulls ou tosa) et les seconds aux chiens de garde et de défense (rottweiler…). Considérés comme « dangereux » par la loi, ils doivent être assurés par une couverture RC spécifique, que certains courtiers spécialisés proposent.

Se connecter