En France, des assurances existent pour couvrir les récoltes contre les aléas climatiques. Mais les difficultés sont nombreuses pour équilibrer le dispositif. Et les effets du changement climatique, déjà tangibles, compliquent singulièrement la donne.
En trois nuits, des températures sous les - 5 °C ont brûlé les premiers bourgeons de très nombreuses cultures en France, les 6, 7 et 8 avril 2021. Les braseros allumés en urgence pour tenter de réchauffer des ceps de vigne n’ont rien pu faire. Cet épisode de gel historique a coûté cher à l’agriculture française : l’année 2021 est la plus faible vendange depuis 1970, avec une production en baisse de 23 % par rapport à 2020, selon les statistiques de l’Agreste. Quant aux abricots, leur récolte a été divisée par deux par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années (1). Il a également été coûteux pour les finances publiques, puisque l’État a débloqué en urgence près d’un milliard d’euros pour aider les agriculteurs.
Or, ce type de catastrophe agricole pourrait devenir de moins en moins exceptionnel. Du fait du changement climatique, une même récolte pouvant, par exemple, être successivement affectée par une sécheresse puis des inondations. Dans ce contexte, l’assurance peut-elle être la réponse pour protéger la « Ferme France » ? De fait, des offres existent pour assurer les récoltes contre les aléas climatiques. Si historiquement, seule la grêle était couverte, une quinzaine de risques (gel, tempête, inondations, canicule…) sont pris en charge par l’assurance multirisque climatique (MRC) depuis 2005. Une petite dizaine d’assureurs la propose, avec deux poids lourds (Groupama et Pacifica), quelques assureurs généralistes (Generali ou Allianz), mais aussi des spécialistes monobranches comme L’Étoile, Suisse Grêle (avec qui travaille Axa) ou encore l’insurtech Atekka, créée par l’union de coopératives agricoles InVivo. Ce marché de quelque 370 millions d’euros est largement subventionné par les pouvoirs publics, une partie des primes étant financée par les budgets européens de la Politique agricole commune (PAC).
Une couverture insuffisante
Malgré ces efforts, l’ensemble du territoire français est toutefois loin d’être couvert.