Bénéfice paradoxal de l’éloignement forcé : l’accélération de la digitalisation des activités professionnelles. La Maison des actuaires n’y fait pas exception, qui a, depuis mars 2020, revisité son fonctionnement et son « offre de services ». À l’avantage de ses publics, actuaires et au-delà.
Dès le début du confinement en mars 2020, la question du télétravail, et plus globalement de la digitalisation forcée d’un certain nombre d’activités, a posé question. Dans le premier opus de l’Observatoire actuariel de la crise du coronavirus – étude sociologique menée en temps réel auprès de plusieurs dizaines d’actuaires sur toute la période – paru en juin 2020, les participants relevaient déjà que la généralisation du télétravail et la poursuite de la transition digitale seraient de véritables enjeux pour l’avenir. Portant certes de nouveaux risques, mais aussi de nombreuses opportunités : développement de modes de travail collaboratifs, créativité collective, amélioration de la rentabilité pour les entreprises et pour les individus, facilitation de la gestion du risque sanitaire, etc. Une vision optimiste ? Pragmatique, plutôt. Selon une étude Dares parue début 2021, les télétravailleurs auraient représenté en décembre 2020, soit six mois plus tard, quelque 55 % des salariés dans les activités financières et d’assurances. Confirmation que la tendance, dans ces secteurs comme nombre d’autres, est de long terme, rendant l’adaptation des PCA comme des organisations absolument nécessaires, ainsi qu’anticipé par l’Observatoire.
Quand la nécessité devient opportunité
Du côté de la Maison des actuaires, une première adaptation s’est faite très tôt. Dès le premier jour du confinement, les équipes de l’Institut des actuaires comme de l’Institut du Risk Management ont été placées en télétravail, et les locaux fermés au public. Ils le seront restés de long mois, sans qu’aucune interruption d’activité ne soit à déplorer. Rendues alors accessibles en mode virtuel, les formations dispensées par la filiale de l’Institut le sont désormais toutes restées, même si des formats hybrides peuvent à présent à nouveau être proposés. « En 2020, un effort particulier a été porté par l’ensemble des équipes de l’Institut des actuaires et de l’Institut du Risk Management pour rendre accessibles au plus grand nombre possible d’actuaires membres ou de stagiaires les services habituellement proposés, détaille Laurent Griveau, directeur de la Maison des actuaires. Nous avons poursuivi notre structuration, ainsi que la diversification et la modernisation de nos outils, à l’appui des événements, conférences, formations, groupes de travail, publications et recherches, activités des réseaux qu’abrite la Maison des actuaires. » Avec un effet certain : le service Études fait ainsi état, entre novembre 2020 et mai 2021, de l’organisation de plus de 30 webinaires avec plus de 200 participants en moyenne, autant en un semestre que sur l’ensemble de l’année 2020. Le « pic de fréquentation » à environ 1 000 participants atteint au cours de l’Actuariel Week, organisée en partenariat avec l’AAE-ISUP, indique une autre tendance : l’apport de la virtualisation des événements dans la capacité à atteindre d’autres publics – en l’espèce les étudiants – mais également les membres éloignés géographiquement de l’Institut des actuaires.
« Le passage en digital d’un certain nombre d’événements, récurrents ou non, permet aux 20 % de membres qui ne résident pas en Île-de-France et aux 10 % qui sont installés à l’étranger de bénéficier des contenus proposes par l’Institut, abonde Laurent Griveau. La nécessité de renoncer à des réunions “en présentiel ” se traduit ainsi par une amélioration du service que nous pouvons leur rendre. Et pour les membres y compris franciliens, la possibilité d’organiser les réunions des groupes de travail à distance favorise la participation. Si les attentes sont fortes sur un retour à la normale en matière de rencontres et de réunions, il est dorénavant certain que nous continuerons à mobiliser autant que de nécessaire les outils digitaux. »
Digitaliser allegretto ma non troppo
Autre exemple : l’organisation du forum virtuel Cap Actuariat, en juin 2021. Faisant le choix de l’innovation, l’Institut des actuaires y proposera pour la première fois une possibilité de rencontres à l’ensemble du mouvement actuariel. Soit les actuaires membres, leurs entreprises, et tous professionnels intéressés par l’actuariat et ses sujets, mais également par exemple les étudiants et leurs filières. Un public attendu nombreux, que peu de lieux physiques auraient pu réunir, à la différence d’un véritable salon virtuel, avec diffusion de contenus scientifiques et possibilité de rencontrer exposants et partenaires sur leurs stands. Une opportunité d’élargissement de la cible qui aboutirait à renoncer au présentiel ? Pourtant non. « Notre association compte plus de 4 500 membres, femmes et hommes venus de tous les horizons et toutes les générations de l’actuariat. Et plus elle s’agrandit, plus elle se diversifie, plus il est important de renforcer nos liens, pose son président Philippe Talleux. Le contexte particulier que nous traversons, avec les opportunités qu’il fait naître, ne doit pas faire oublier que ses membres sont la richesse d’une association, et que tous les échanges, tous les travaux communs, ne se satisfont pas du virtuel. Sans parler de la convivialité, qui nous est chère. » Raison pour laquelle le 20e Congrès des actuaires, le 9 novembre prochain, se tiendra lui depuis un lieu qui « parlera » à l’ensemble de la profession : la Maison de la Mutualité. En version hybride, tout de même.