Rarement les avis de chercheurs ont eu un tel retentissement, politique, économique et social, que depuis le début de la crise sanitaire. À mesure des controverses et des réfutations, la confiance du grand public, désireux de voir émerger « une vérité », a vacillé. En temps de crise, la science peut-elle gagner la bataille de l’opinion et devenir un outil de gouvernance ?
« On me demande de fabriquer moi-même mon masque. Faut-il aussi que je travaille sur le vaccin ? Parce que je n’ai pas mon microscope avec moi. » Durant la période de confinement, ce genre de messages sarcastiques s’est échangé en nombre entre les Français via Facebook et WhatsApp. Des mots qui témoignent de la très grande perplexité des citoyens face aux débats scientifiques. Sur la Toile, notamment, se sont développées les thèses les plus radicales, jetant le discrédit sur le travail de certains chercheurs ou encensant les propos des plus radicaux. « Le cerveau a ceci d’étrange qu’il retient plus facilement l’anomalie. Sur les réseaux sociaux, plus un message est virulent, plus il a de chances de se diffuser rapidement et fortement. Il y a donc beaucoup plus de partages d’un post qui stimule le côté voyeur de la population », constate Ludovic Broyer, président fondateur de l’agence d’e-réputation iProtego, qui ajoute : « Le Web a un effet pyromane sur les fake news. À mon sens, les réseaux sociaux ont largement amplifié la défiance du grand public vis-à-vis de la science. Ils peuvent avoir un effet dévastateur car ils donnent l’impression que toutes les publications sont d’un niveau de confiance égale. »
Un manque de culture scientifique
Ce nivellement par le bas a causé beaucoup de tort à la communauté scientifique. « Il faut bien avoir à l’esprit que, sur Facebook ou sur Twitter, des personnes qui ont les mêmes croyances s’agglutinent pour discuter entre elles. Il ne peut donc y avoir de débat constructif au sein de ces plateformes.