La valeur statistique de la vie humaine s’est imposée dans plusieurs pays comme un outil d’évaluation des impacts socio-économiques de divers projets d’investissements publics. En France, où son usage reste encore à la marge des décisions, des économistes réclament son évolution.
« Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie », disait André Malraux. Rien, vraiment ? Dans le domaine de l’évaluation des politiques publiques, la vie humaine est pourtant bien associée à un montant variable en fonction des pays : la valeur statistique de la vie humaine (VVS ou VSL en anglais). Comment ? Pourquoi ? Par qui ? Ce chiffre est tout sauf arbitraire, mais en discuter déclenche quasi systématiquement des débats houleux. Mettre une valeur sur une vie humaine serait « cynique », « froid » et relèverait d’une « marchandisation ». C’est oublier que chaque individu fait en permanence des arbitrages entre les coûts associés à une décision et les bénéfices de ces décisions : faut-il changer les pneus de la voiture ? Dois-je préférer l’achat de produits bio ? C’est aussi se placer sur le terrain de l’éthique et de la morale, que les économistes ne cherchent pas (complètement) à investir. « Parce que nous ne sommes pas prêts à tout sacrifier pour augmenter notre espérance de vie, cela signifie que notre vie a une valeur, et que celle-ci est finie, estimaient les économistes Christian Gollier et James Hammitt dans une tribune publiée dans Le Monde en avril 2020. Puisque la vie consciente est l’art de la décision et puisque la décision est l’art de comparer les valeurs, les êtres humains n’ont d’autre choix que de donner une valeur relative à toute chose. »
Une propension à payer pour réduire le risque
Comme au niveau individuel, la puissance publique doit faire des choix pour allouer au mieux des ressources financières contraintes. L’analyse coûts/avantages s’avère donc nécessaire. Dans cette optique, la VVS est l’un des principaux outils disponibles pour chiffrer les gains en termes de mortalité d’un projet d’investissement ou de réglementation.