Professeur de psychologie et de management à l’ESCP, Philippe Gabilliet est aussi le porte-parole de la Ligue des Optimistes de France. Loin du Candide de Voltaire, il démontre l’utilité de cette posture mentale, y compris en pleine crise sanitaire.
Comment définissez-vous l’optimisme ?
Philippe Gabilliet : L’optimisme, c’est mettre la réalité sous la tension la plus positive possible. Le psychiatre Christophe André parle d’une confiance a priori dans l’existence, mais d’une confiance responsable, car elle est assortie de la conviction qu’en cas de difficultés, on dispose des ressources pour les surmonter. L’optimisme est une attitude propice à l’action, à la prise de risques calculés. Au contraire, le pessimisme, et la méfiance a priori qui l’accompagne, induit un principe de précaution qui, s’il est poussé à l’extrême, peut entraver l’action.
Être optimiste, n’est-ce pas faire preuve d’une certaine « naïveté » ?
Philippe Gabilliet : Le scepticisme qui entoure certains concepts sociaux vient avant tout de leur méconnaissance. Depuis les Lumières et la publication du Candide de Voltaire, l’optimisme est, en France, très connoté : on l’associe en effet à l’idée de naïveté, de volonté de voir la vie en rose, en niant les souffrances du monde… Une vision qui est complètement absente de la culture anglo-saxonne, par exemple.
Pour bien comprendre le concept, il faut avoir conscience qu’il existe deux types d’optimisme. Le premier est ontologique : une personne peut être fondamentalement optimiste car elle s’est construite ainsi, du fait de son expérience de vie, notamment lors de ses premières années. C’est un trait de caractère. En parallèle, il existe un optimisme dit « méthodologique » : dans certaines situations, par exemple au moment de créer une entreprise, il faut pouvoir adopter un mode d’analyse optimiste, se concentrer sur les points forts et les solutions pour agir et convaincre ses partenaires. Inversement, il faut parfois faire preuve de pessimisme méthodologique. Un optimiste ontologique peut ainsi être obligé, par son métier par exemple (médecin, gestionnaire des risques…), d’adopter une telle posture pour bien faire son travail.
Dans quelle mesure la science s’est-elle intéressée au concept d’optimisme ?