Le militantisme se réinvente. Les initiatives citoyennes se multiplient hors du cadre traditionnel des syndicats et partis politiques. Échappant aux surveillances et aux anticipations institutionnelles, elles instaurent de nouveaux rapports entre individu et collectif et catalysent de nouvelles formes d’engagement et de luttes.
Avant la fin de l’année 2021, le groupe Interparfums installera son siège social au 10 rue de Solférino dans le VIIe arrondissement de Paris, en lieu et place du siège du Parti socialiste, cédé en 2018 pour quelque 45 millions d’euros. De même, l’ex-siège parisien de l’UMP est devenu dès 2014 la propriété du groupe Crédit Agricole qui, désormais, incube des start-up au 16 rue la Boétie. Loin d’être anecdotique, la cession par de grands partis de leurs sièges à des fleurons du capitalisme témoigne du déclin du nombre de leurs adhérents. Dans les chefs-lieux d’arrondissements, bon nombre de permanences ont, elles aussi, tiré le rideau.
Quelle relève pour les partis politiques ?
Il faut dire que, depuis une décennie, le nombre d’adhérents à des partis politiques en France est en fort repli. En l’absence de chiffres officiels, quelques éléments donnent à voir l’étendue du déclin. Le parti LR (Les Républicains), qui revendiquait près de 230 000 adhérents en 2015, en totaliserait actuellement moins de 60 000. De même, le Parti socialiste indique compter aujourd’hui pas plus de 20 000 militants actifs. De son côté, le Rassemblement national revendique 83 000 adhérents et sympathisants, tandis que les experts évaluent ce chiffre à 25 000, et La France insoumise (LFI) compterait entre 300 000 et 500 000 sympathisants. La République en marche (LaREM), au plus fort de la présidentielle, revendiquait 400 000 militants. À noter que, pour ces deux derniers partis, un clic suffit pour être comptabilisé sympathisant de la cause. De plus, LFI aurait pour politique de ne radier les militants de son décompte que deux années et demie après le paiement de leur dernière cotisation. Difficile dans ces conditions de parler de membres actifs. Ainsi, dans un pays qui compte 47 millions de personnes inscrites sur les listes électorales, le nombre d’adhérents réels à des partis politiques se situerait autour de 100 000 personnes, 200 000 tout au plus, selon les estimations (1).