Pour figurer dans le top des classements, certaines écoles et universités repensent leurs programmes, leurs méthodes, leurs organisations… Ces innovations sont-elles vertueuses pour les étudiants et adaptées aux défis de nos sociétés ?
Le chercheur Nian Cai Liu s’attendait-il à mettre le feu aux poudres en créant, un jour de 2003, le classement de Shanghai ? Selon la sociologue Catherine Paradeise, « son but était simplement de comparer les universités chinoises avec les autres institutions du monde. Mais pas de faire perdre la face à tel ou tel pays ! » Toujours est-il que le palmarès produit un grand retentissement. « Les pays européens découvrent que la mondialisation engendre un marché du savoir à grande échelle, où ils risquent de perdre le privilège de former leurs propres élites et les élites du monde, avec tous les risques économiques, politiques et culturels que cela comporte dans la redistribution des cartes mondiales. »
Pour juger la performance des établissements, le classement de Shanghai s’établit autour de six critères, regroupés en quatre domaines : la qualité de l’enseignement, la qualité du corps académique, la production scientifique et la productivité. Sont ainsi comptabilisés le nombre de membres de l’établissement ayant reçu un prix Nobel ou une médaille Fields, le nombre de chercheurs les plus cités dans leur domaine, et le nombre d’articles publiés notamment dans Nature et Science par les membres du corps académique au cours des cinq dernières années. Enfin, la productivité correspond au score total des cinq premiers indicateurs, divisé par la taille du corps académique de l’établissement.
Plus qu’un outil permettant de cartographier les lieux d’excellence, de nombreux établissements s’appuient alors sur ce système de notation pour guider leur stratégie et améliorer leur positionnement dans le classement. La première publication de Shanghai, « constitue le point de départ d’un véritable marché concurrentiel, avec des entrées et sorties d’opérateurs et la constitution de positions dominantes », note le rapport des ministères de l’Éducation nationale et de l’Économie et des Finances de 2017(1) et encourage le développement d’autres palmarès internationaux.