Et si… Nous comprenions le langage des animaux ?

24 juin 2024  | Par Anne-Claire ORDAS
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– Mai 2055 –

Depuis 2040, la compréhension des langages animaux a progressé au prix de profondes évolutions sociétales. À l’Assemblée nationale est discutée une proposition de loi accordant à l’animal le statut de personne.

Le 5 mai 2055

Discours de Mme Nina Bekhti, ministre de l’Écologie, du Changement climatique et du Vivant, lors de l’examen, en séance publique à l’Assemblée nationale, de la proposition de loi visant à reconnaître à l’animal la qualité de personne.

 

Monsieur le président,

Madame la présidente de la Commission du Développement durable, de l’Aménagement du territoire et de la Biodiversité,

Madame, Messieurs les députés,

Il y a bien sûr d’éminentes personnes dans les tribunes, mais je tiens à saluer tout particulièrement Wolfi et Darius, respectivement labrador et ara, ainsi que les membres des associations de défense des animaux qui les accompagnent. Qu’ils soient les bienvenus.

Dans son rapport aux animaux, l’humanité revient de loin. Le loup a été domestiqué par l’Homme il y a au moins 18 000 ans, le chat et les autres animaux il y a environ 8 000 ans, et cette relation a tissé des liens complexes et forts entre eux et nous. Pourtant, et alors même que se nouaient avec un chat domestique, une vache de ferme ou un cheval de course des liens de complicité et d’affection qui dépassaient la simple relation utilitaire, les animaux ont longtemps été cantonnés à la sphère des objets. La faute, si je puis dire, à une représentation intellectuelle niant à l’animal toute pensée.

En 1637, l’éminent philosophe René Descartes reconnaissait, dans son « Discours de la méthode », que ­certaines bêtes effectuaient des tâches mieux que l’Homme, comme les hirondelles revenant en Europe chaque ­printemps ou les abeilles construisant leurs rayons avec une précision mathématique. Cependant, il estimait que les bêtes agissaient ainsi non pas « par connaissance, mais seulement par la disposition de leurs organes »,à la différence de l’Homme dont les actions étaient, au contraire, réglées par la raison. Les bêtes n’ont pas seulement moins de raison que les Hommes, « elles n’en ont point du tout », assenait-il.

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