– Décembre 2039 –
Un an après l’autorisation de l’humusation et de l’aquamation en France, nouvelles techniques funéraires, Gabrielle Cadarau, jeune professionnelle, conduit son premier cortège dans une forêt de Nancy.
Entre les troncs des arbres foncés par l’humidité, un cortège d’une cinquantaine de personnes fend la brume en progressant silencieusement dans la forêt domaniale de Haye, à l’est de Nancy, en Meurthe-et-Moselle. Le seul chant des oiseaux en ce début de matinée suffit à couvrir le bruit des pas pourtant lourds sur la terre grasse. En tête de cortège, sur une civière portée par six personnes, un corps sans vie enveloppé dans un linceul semble guider le groupe. Dans le bois où progresse la procession funéraire, il n’y a aucune pierre tombale, seulement des arbres à perte de vue. Il s’agit pourtant bien d’un cimetière malgré ses allures de forêt.
La capitale des Ducs de Lorraine a été la troisième ville française à créer une forêt cinéraire, inaugurée fin 2023 sur 6 000 m2 dans le cimetière du Sud, à l’exemple de ce qui se faisait déjà en Allemagne, en Belgique ou en Suisse. Depuis le début des années 2030, les arboretums (des jardins botaniques dédiés) et forêts cinéraires sont en plein essor dans le reste de l’Europe.