Et si… la réalité virtuelle remodelait les prisonniers ?

3 janvier 2023  | Par Joris BOLOMEY
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Janvier 2043

Les prisons se sont mises à l’heure de la réalité virtuelle. L’administration pénitentiaire en a fait la pierre angulaire
des programmes de réinsertion des détenus. Elle les accompagne tout au long de leur peine avant leur retour en société.

Les murs puants, les cliquetis mécaniques des lourdes portes d’acier, les gamelles à heure fixe qui vous tordent les boyaux. Sam connaît le centre de détention de Muret dans ses moindres détails après une dizaine d’années passées derrière les barreaux. Tout cela sera bientôt de l’histoire ancienne, espère-t-il. Plus que quelques mois à tirer et le trentenaire devrait être libéré avant le début de cet été 2043. Soit une réduction du tiers de sa peine.

Père d’une fille qu’il n’a pas vu grandir ces dernières années, Sam n’a pas hésité longtemps lorsque les services pénitentiaires d’insertion et de probation lui ont proposé, il y a six mois, de faire partie du programme de sortie accélérée et de réintégration (Sar). L’enjeu pour l’administration est de désengorger les cellules où les détenus s’entassent, dormant parfois sur de simples matelas posés à même le sol. Le programme Sar permet ainsi à certains détenus de bénéficier d’une remise de peine. Afin de préparer leur sortie, ils doivent enchaîner les formations et les thérapies, le regard soudé à un casque de visionnage.

Cette technologie s’est progressivement immiscée entre les murs des prisons françaises depuis les années 2020. Avant même d’intégrer le programme Sar, Sam a assisté au rôle grandissant conféré à la réalité virtuelle en prison. Dès le début de sa peine, il lui a ainsi été proposé une pléthore de leçons. Grâce aux cours qu’il a suivis, Sam a par exemple passé son bac en prison, il a validé une licence en sociologie et s’est perfectionné en anglais. Il n’avait pourtant jamais été un élève assidu. Il avait même abandonné l’école à l’adolescence. Il est vrai qu’avec cette forme immersive d’enseignement, l’apprentissage est bien plus captivant que dans le brouhaha du fond des salles de classe. Avec la réalité virtuelle, il a ainsi pu assister à la création d’une chaîne de montagnes et comprendre la tectonique des plaques, il a directement échangé avec les avatars de Bourdieu, Debord ou Baudrillard lors de sa licence, ou encore, s’est promené entre les étals d’Union Square Greenmarket, marché fermier new-yorkais pour y apprendre à parler anglais.

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