Antoine Depaulis est neuroscientifique, directeur de recherche à l’Inserm. Avant de travailler sur les épilepsies, Antoine Depaulis s’est intéressé aux réponses comportementales et physiologiques qu’entraîne la peur.
Pourquoi avons-nous peur ?
Antoine Depaulis : La peur est l’émotion la plus primitive et la plus utile à chaque espèce, y compris la nôtre. C’est une réaction quasi réflexe face à une menace qui peut atteindre l’intégrité de notre organisme et qui risque d’altérer notre corps ou notre pensée. La perception d’un danger est donc vitale pour la survie d’un individu. Une espèce qui n’aurait pas les mécanismes lui permettant de ressentir la peur pourrait ainsi disparaître. Face au danger perçu, la peur permet de déclencher différentes réponses comportementales et physiologiques, qui doivent être rapides et adaptées à l’environnement dans lequel on se trouve.
Dans quelles parties du cerveau se manifeste la peur ?
Antoine Depaulis : Il n’y a pas de structure nerveuse qui soit le centre de la peur, mais plutôt un ensemble de circuits plus ou moins complexes. Plusieurs régions du cerveau sont ainsi impliquées dans la perception de la peur, sa gestion, ainsi que dans l’appréciation du niveau de danger. La perception s’effectue essentiellement au niveau des aires sensorielles. Les informations que nous recevons sont intégrées et comparées avec celles mémorisées dans notre cerveau. L’insula, à proximité du cortex, permet, par exemple, de faire la différence entre ce qui présente un risque ou non. En ce qui concerne la gestion des réactions face à la peur, des groupes de neurones situés dans la substance grise périaqueducale, située autour de l’aqueduc de Sylvius, au-dessus de la moelle épinière, interviennent. Cette région du cerveau permet de réagir rapidement face à la peur en optant pour une stratégie adaptée à la situation.