Pour peser à nouveau dans l’économie mondiale et faire face à la politique tarifaire promise par Donald Trump, l’Europe doit se réformer en profondeur. Selon l’ancien directeur du FMI et gouverneur de la Banque de France Jacques de Larosière, âgé de 95 ans, elle doit abandonner les dogmes qui la pénalisent depuis vingt ans. Ces conseils valent aussi pour la France, comme le rappelle l’auteur du livre « Le déclin français est-il réversible ? ».
Avec l’élection de Donald Trump à la présidentielle américaine et les perspectives de sa politique douanière très restrictive, quelles options s’offrent à l’Union européenne ?
Jacques de Larosière : L’administration Trump a l’intention d’utiliser les hausses de tarifs douaniers non seulement pour contrecarrer des politiques de soutien aux exportations menées par des pays tiers, mais aussi comme une arme géopolitique face à des pratiques qui ne lui conviendraient pas. Cette politique peut avoir des conséquences très lourdes sur le commerce mondial qui va se renchérir et perdre en fluidité. Même si je ne le souhaite pas, l’Union européenne n’aura d’autres moyens que d’imposer des représailles. Nous avons une arme très forte en la matière : notre population, plus nombreuse que celle des États-Unis. Il n’en reste pas moins que ce ne sera pas bon pour la croissance mondiale. Depuis 40 ans, le commerce mondial a été la locomotive de la croissance. Donc, s’il se rétracte, cette dernière en souffrira.
L’Union européenne est-elle capable de se penser dans une économie beaucoup moins ouverte et globalisée ?