Les eaux internationales regorgent de ressources, notamment génétiques, qui aiguisent les appétits. Depuis 2018, les Nations unies travaillent sur une nouvelle convention pour mieux protéger ces zones. Mais l’accord peine à prendre forme tant les enjeux économiques et géopolitiques sont majeurs.
« Le droit de la mer s’est forgé au diapason des besoins et des avancées techniques de l’Homme », rappelle Cyrille P. Coutansais, directeur de recherches du Centre d’études stratégiques de la marine (CESM), en introduction de l’ouvrage Guide de navigation de la biodiversité marine au-delà de la juridiction nationale (1). « La largeur de la mer territoriale s’est ainsi étendue au rythme de la portée des canons, quand le concept de liberté des mers venait appuyer l’expansion du négoce hollandais », poursuit-il. De nos jours, les différentes zones sous juridiction étatique sont définies dans la convention des Nations unies sur le droit de la mer, sorte de « Constitution des océans », signée en 1982 et entrée en vigueur en 1994. « Plus on s’éloigne des côtes, plus les compétences de l’État côtier diminuent. En haute mer, au-delà de 200 milles marins, ce n’est plus la compétence de l’État côtier qui prévaut, mais celle de l’État du pavillon ainsi que le principe de liberté », explique Annie Cudennec, professeure de droit public à l’université de Bretagne occidentale.
Ce principe de liberté des mers est très ancien. « C’est l’un des grands principes ayant guidé le droit maritime depuis des siècles avant d’être concrétisé au XVII esiècle par le principe de liberté de navigation », détaille Annie Cudennec. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, dite de Montego Bay, le décline en six grandes libertés : celles de navigation ; de survol ; de poser des câbles et des pipelines sous-marins ; de construire des îles artificielles et autres installations autorisées par le droit international ; de la pêche et, enfin, de la recherche scientifique. Pour autant, la haute mer, qui représente 64 % des océans, est loin d’être un espace de non-droit.