Océans, forêts ou encore prairies peuvent absorber la moitié des émissions de CO2 mondiales. Ils sont un levier pour atteindre l’objectif de neutralité en 2050. Mais leurs capacités de développement et d’efficacité à long terme sont vivement discutées, tandis que le réchauffement climatique tend à transformer ces puits naturels en sources de carbone.
« Les puits de carbone dit naturels nous offrent aujourd’hui un répit inestimable en absorbant la moitié de nos émissions de CO2 », rappelle le climatologue Laurent Bopp, directeur de recherches au CNRS. Tout système naturel ayant la capacité d’accumuler ou de libérer du carbone peut être un puits de carbone si, pendant un laps de temps, il en absorbe plus qu’il n’en libère. Sur les 9,5 milliards de tonnes de carbone (35 gigatonnes de carbone (GtCO2)) émises chaque année par la combustion des ressources énergétiques fossiles, les écosystèmes terrestres en absorbent 3,1 milliards de tonnes (11 GtCO2) et les océans 2,8 milliards de tonnes (10 GtCO2), selon le Global Carbon Budget (1). En net, ces deux puits absorbent en réalité 4,8 milliards de tonnes de carbone, car le changement d’affectation des sols et la dégradation des écosystèmes génèrent l’émission de 1,1 milliard de tonnes de carbone.
« Il y a beaucoup de confusion sur le terme de puits, prévient Laurent Bopp. Quand on parle de carbon sink, ou puits de carbone, cela fait référence aux puits anthropiques naturels que sont les océans et les écosystèmes terrestres. Ils sont qualifiés d’anthropiques, car ce sont des composantes naturelles du système qui absorbent du carbone émis par l’homme. » En fait, la biosphère terrestre et les océans absorbent beaucoup de carbone principalement à cause de la hausse des émissions anthropiques. « L’océan est naturellement une source de carbone, mais c’est un puits net depuis environ 1850 à cause des déséquilibres du cycle du carbone naturel causés par l’homme. C’est plus compliqué pour la biosphère continentale, mais le processus principal en faisant un puits est aussi lié à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, qui a un effet fertilisant pour un grand nombre de plantes », poursuit Laurent Bopp.
L’impact du réchauffement sur les puits de carbone