Sur le long terme, aucune commune « riveraine de la mer ou de l’océan » n’échappera à la montée des eaux en France. Les perspectives de submersion marine et d’érosion côtière représentent un véritable défi pour les dispositifs actuels de gestion des risques naturels majeurs.
C’est irréversible : l’élévation du niveau de la mer sera de 55 cm à 1 mètre en 2100, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), et pourrait dépasser 2 mètres au plus tôt d’ici une centaine d’années et au plus tard d’ici à 2 000 ans. En France, toutes les 975 communes classées « riveraines de la mer ou de l’océan » par la loi Littoral (885 en métropole et 90 en Outre-mer, hors Mayotte) ne sont pas considérées à risque pour l’instant, mais, « sur le temps long, aucune ne sera épargnée », prévient la géographe Catherine Meur-Ferec, professeure à l’université de Brest. Déjà, près de 19 % du trait de côte sont en recul (hors Guyane), les côtes basses sableuses étant les plus affectées (37 % d’entre elles sont en recul), selon l’indicateur national de l’érosion côtière 2022.
Conséquences : entre 5 000 et 50 000 logements seront touchés par ce recul à horizon 2100, pour une valeur estimée entre 0,8 et 8 milliards d’euros, selon une estimation de 2020 du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Ce risque « climatique » a également été analysé par la start-up spécialisée Callendar, pour laquelle 6 000 à 9 000 transactions conclues entre mi-2016 et mi-2021 ont porté sur des biens qui vont devenir submersibles d’ici le milieu du siècle, et 13 000 à 19 000 des biens qui vont devenir à haut risque d’inondation.
Les sites industriels ne sont évidemment pas épargnés. De nombreux actifs sont à risque, depuis des centrales nucléaires (Blayais, Gravelines) jusqu’à des sites Seveso (17 sites à haut risque au Havre, 13 dans le secteur de Rouen) en passant par des décharges côtières.