Charlène Descollonges est ingénieure hydrologue. Auteure de l’ouvrage Agir pour l’eau (éd. Tana), elle promeut le recours à l’hydrologie régénérative et appelle les acteurs économiques à faire alliance pour une meilleure gestion de l’eau.
Vous introduisez votre ouvrage « Agir pour l’eau » par ces mots : « Notre représentation du cycle de l’eau est fausse. » Pourquoi ?
Charlène Descollonges : Dans l’écrasante majorité des cas, nous avons appris durant notre scolarité que le cycle de l’eau était naturel et indépendant des activités humaines. Cette vision est complètement erronée dans la mesure où l’Homme a toujours cherché à drainer les terres et les zones humides pour cultiver et agrandir les villes, canaliser et enterrer les rivières, bétonner sur les berges pour pouvoir naviguer et limiter l’impact des crues. Cette appropriation humaine porte tant sur l’eau bleue (issue des rivières, des nappes, etc.) que sur l’eau verte (contenue dans les sols et évapotranspirée) et l’eau grise (eaux usées avec un faible niveau de pollution). Cette vision est très problématique, car tant que l’on ne représentera pas nos interactions humaines avec ce grand cycle de l’eau, nous ne serons pas en capacité de proposer des voies de résolution pour une meilleure gestion.