Le gouvernement français fait du ferroviaire la priorité de son plan de relance. Il poursuit un triple objectif : économique, écologique et de réduction des déséquilibres territoriaux. Mais l’expérience européenne montre que le redressement de la part du rail doit s’accompagner d’une pénalisation de la route.
Lors de l’interview présidentielle du 14 juillet, le chef de l’État, Emmanuel Macron, a détaillé le plan de relance censé faire repartir à la hausse l’économie hexagonale après la crise sanitaire. « Nous allons développer le fret ferroviaire, les trains de nuit et les petites lignes », a-t-il notamment avancé. L’idée, populaire, semble frappée au coin du bon sens. Transition écologique, décloisonnement des territoires isolés… le train répond aux principales attentes sociales qui ont émergé ces dernières années. Pourtant, depuis vingt ans, le rail ne cesse de perdre du terrain. Selon les dernières données de l’Autorité de régulation des transports, il ne représente plus que 9,5 % des milliards de kilomètres effectués tous les ans par les Français et environ 9 % du transport de marchandises. Les vœux pieux ne suffiront pas à inverser la tendance. Parmi les axes de son plan de relance de 100 milliards d’euros, le Président n’a pas cité le ferroviaire – secteur pour lequel 4,7 milliards seront alloués – dans l’unique but de flatter la nostalgie française envers le monde des cheminots. Ce mode de transport répond à bien des grandes questions qui fracturent le XXIe siècle. Le train est d’abord, sans conteste, le transport le plus écologique. Selon le Commissariat général au développement durable, alors que le secteur des transports est responsable de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), le train ne représentait en 2017 que 1,88 %de la consommation d’énergie liée aux transports contre 94,7 % pour le transport routier. Une étude(1) du cabinet indépendant Carbone 4, pour la SNCF, confirme le diagnostic. Selon cette dernière, un voyage en train Interdites génère environ 15 fois moins d’émissions de CO2 par passager que le même trajet en covoiturage, 5 à 15 fois moins que le même voyage en autocar et 50 fois moins que l’avion.
Le service public, une notion fragilisée
Le rail joue aussi un rôle essentiel en termes de continuité du territoire national et donc de décloisonnement des régions les plus isolées.