Un risque dit « de transition » encore largement négligé, malgré son potentiel systémique. Au-delà de ses conséquences physiques (inondations, sécheresse…), le changement climatique expose les actifs à un autre risque : celui de « s’échouer » du fait de leur incompatibilité avec une économie bas carbone.
Mi-janvier, une lettre signée de Larry Fink, patron de Black Rock, a fait grand bruit. Le leader mondial de la gestion d’actifs y déclarait vouloir se désengager de l’industrie du charbon et exiger que le reste de ses actifs soit aligné sur l’Accord de Paris. Black Rock avait même créé un mini-site web pour détailler ces mesures. Des mesures certes nécessaires pour lutter contre le changement climatique, mais pas seulement… Le « risque de transition » vers une économie bas carbone justifiait également cette annonce, tant la dévalorisation des actifs liés aux énergies fossiles est à craindre. Sauf que… la lettre comme le site étaient des canulars imaginés par les activistes écologistes The Yes Men, qui ont réussi à piéger jusqu’au Financial Times.
Les stranded assets : une menace multiforme
L’objectif des Yes Men : pousser Larry Fink à combler le fossé entre ses appels à œuvrer pour le « bien commun » et ses placements toujours massifs dans les énergies fossiles. Black Rock n’est d’ailleurs pas une exception, loin de là : la finance continue à investir largement dans les industries du charbon, du pétrole et du gaz, et le hiatus entre discours et réalité est quasiment général. Une situation a priori très instable au regard de la menace que représente le risque de transition. Cette menace de voir ses actifs « s’échouer » – de l’expression anglaise stranded assets – est en effet multiforme. « Les causes peuvent toutefois se classer en quatre grandes catégories : une nouvelle réglementation, un changement des conditions de marché, une rupture technologique et, enfin, une atteinte à la réputation de l’entreprise » détaille Julie Evain, chargée de recherche finance et climat à I4CE (Institute for Climate Economics).
Typologie des risques de transition
Des milliers de milliards de dollars potentiellement en jeu
Ensuite, les montants en jeu sont tout sauf négligeables.