Si l’investisseur est loin d’être toujours rationnel, comme l’analyse la finance comportementale depuis quarante ans, qu’en est-il de l’investisseur responsable ? Depuis quelques années, la psychologie et la sociologie interrogent le champ de la finance durable. Sans réponses franches à ce stade.
Que l’on souhaite améliorer la sécurité routière, stimuler la prévention dans le domaine de la santé, empêcher les incendies ou encore limiter les cambriolages – autant d’objectifs cruciaux pour l’activité d’assurance –, s’intéresser aux comportements des individus est une étape indispensable. La psychologie, la neurologie et la sociologie ont, par le passé, apporté des éclairages indispensables pour tenter de réduire les addictions des jeunes, inciter les automobilistes à adapter leur vitesse dans les zones à risques ou même freiner la progression des pandémies. L’être humain – et les groupes qu’il constitue – sont loin d’être des agents économiques exclusivement rationnels, comme l’ont mis en évidence les travaux de Daniel Kahneman, Amos Tversky ou encore Richard Thaler, théoriciens de l’économie dite « comportementale ». La finance est l’un des cas d’usage les plus aboutis de ces approches : il est désormais établi que les marchés financiers ne sont pas seulement la traduction d’une recherche de maximisation des profits des acteurs, mais aussi le reflet de multiples biais plus ou moins conscients. Leur prise en compte est essentielle à une bonne appréhension de la finance moderne. Ainsi, par extension, ces approches comportementales devraient pouvoir en particulier enrichir l’un des tout derniers axes de développement de la finance : l’investissement responsable. Comment la psychologie et l’environnement sociologique des épargnants, mais aussi des intermédiaires financiers et des gérants d’actifs, influent-ils sur le verdissement de la finance ? Depuis quelques années, la recherche académique se penche sur ce sujet. Mais ces travaux restent sporadiques. Quant à leurs conclusions, elles semblent insuffisamment abouties à ce stade pour véritablement peser sur la manière dont la finance durable se construit.
