Tandis que la demande de prise en charge des souffrances psychiques explose, l’offre dysfonctionne : la pandémie a mis en lumière la crise qui affecte les structures de soin depuis des années. Face à l’urgence, des réflexions s’amorcent pour rebâtir un système de santé coordonné et efficient.
La pandémie de Covid-19 a levé le voile sur le déficit de considération de la santé mentale, pourtant « fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté », d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Alors que la classification des troubles psychologiques et psychiatriques a toujours été délicate, le concept de santé mentale permet d’intégrer trois dimensions : la santé mentale positive, la détresse psychologique et les troubles psychiatriques. « La logique catégorielle, selon laquelle soit on a une maladie mentale, soit on n’en a pas, est périmée, explique Xavier Briffault, chercheur en sciences sociales et philosophie de la santé mentale au CNRS. C’est maintenant une approche de spectre dimensionnel qui domine, depuis le bien-être jusqu’aux troubles psychiatriques caractérisés, en passant par le mal-être, la souffrance psychologique ou la manifestation de quelques symptômes psychiatriques. »
L’effet miroir de la crise sanitaire
« En mars et avril 2020, les niveaux d’anxiété et de dépression enregistrés dans la population générale étaient plus élevés dans presque tous les pays par rapport aux années précédentes », rapporte l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Un constat corroboré par le rapport de l’OMS publié en mars 2022, qui précise que la prévalence mondiale des troubles anxieux et de la dépression a augmenté de 25 % partout dans le monde (1). En France, l’enquête CoviPrev, dédiée au suivi de l’évolution de la santé mentale de la population depuis mars 2020, précise que 18 % de la population montrent des signes d’un état dépressif et 23 % des signes d’un état anxieux (2).
Cette hausse s’est révélée hétérogène au sein de la population, touchant surtout les catégories socialement défavorisées et les jeunes. Alors qu’un doublement des syndromes dépressifs chez les 15-24 ans a été constaté au cours du premier confinement, le phénomène ne connaît pas de baisse marquée depuis le début de la pandémie.