Les pandemic bonds à l’épreuve du feu

15 juin 2020  | Par Guillaume BIETRY
L'actuariel // économies // Les pandemic bonds à l’épreuve du feu

Les obligations pandémiques émises par la Banque mondiale doivent permettre une mobilisation rapide des fonds nécessaires à la gestion du Covid-19 pour les pays les plus pauvres. Analyse du mécanisme de ces instruments financiers attractifs pour les investisseurs.

« Maladresse financière », « instrument incontournable », « erreur embarrassante », « produit d’avenir »… les obligations pandémiques font couler beaucoup d’encre depuis l’apparition du nouveau coronavirus en Chine. Pour le monde de la finance, ces instruments à haut rendement montrent toute leur pertinence face au virus et à la maladie qu’il entraîne, le Covid-19. Pour les anti, il s’agit au contraire d’un exemple supplémentaire de la dérive des marchés, qui en viennent cette fois-ci à « spéculer sur la mort », au détriment des pays pauvres censés bénéficier des obligations.

La réalité est forcément plus complexe. Depuis sa propagation sur les cinq continents, le Covid-19 met sous tension les plus grands systèmes de santé et oblige les États à mettre leurs économies sous cloche au nom de l’impératif sanitaire. Fin avril 2020, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud-Est ou l’Amérique centrale étaient encore relativement épargnées par la pandémie. Mais si elle devait s’y implanter, nul doute qu’elle y ferait des ravages, tant les ressources budgétaires y sont minces et les infrastructures hospitalières peu développées. C’est justement pour fournir une aide financière à ces pays et leur permettre de s’organiser très vite en cas de crise sanitaire que les obligations pandémiques, ou pandemic bonds en anglais, ont été pensées par la Banque mondiale. Une promesse bien difficile à tenir au vu de la mécanique sophistiquée que sous-tendent ces instruments financiers. Le Covid-19 en est l’une des meilleures illustrations.

Permettre la constitution de fonds d’urgence

Les bonds font partie du mécanisme de financement d’urgence pandémique (PEF) mis en place en 2016 par la Banque mondiale en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les réassureurs Swiss Re, Munich Re et Guy Carpenter.

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