Lauréate du prix Jeunes chercheurs en finance verte de la Banque de France de 2022, Irene Monasterolo invite à revoir le cadre de l’action des institutions financières mondiales pour inclure le risque climatique dans les stratégies d’investissement.
Dans une tribune publiée récemment dans Le Monde, vous appelez les institutions financières internationales à « changer de cadre théorique » pour contribuer à l’accroissement de la finance climatique. De quoi s’agit-il concrètement ?
Irene Monasterolo : Cet article s’appuie sur un document de recherche que nous avons rédigé, avec des collègues, pour la Banque mondiale. Nous y avons identifié les conditions nécessaires pour que la finance climatique puisse intervenir afin de promouvoir la décarbonisation de l’économie (1). Nous nous sommes concentrés sur les pays émergents et en voie de développement, étant donné le mandat de la Banque mondiale en tant qu’institution de financement du développement.
Le changement de cadre théorique auquel nous appelons est constitué de plusieurs blocs interconnectés. Tout d’abord, il faut identifier les défis empêchant la montée en puissance de la finance climatique : le fait que nous ayons encore des économies à forte intensité de carbone ; le fait que les investissements verts sont toujours moins attrayants que les investissements à forte intensité de carbone, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine, et que cela se reflète dans un coût du capital plus élevé pour les premiers ; le fait que les investissements verts sont caractérisés par une liquidité plus faible ; et, tout particulièrement dans les pays émergents et en voie de développement, le développement limité des marchés de capitaux.