La flambée de l’inflation en 2022 secoue les modèles assurantiels, tant au passif qu’à l’actif. Peu de branches sont épargnées, même si ses conséquences sont loin d’être toutes maîtrisables. Une chose est certaine : qu’elle revienne à des niveaux raisonnables ou qu’elle s’installe dans la durée, elle s’impose comme un sujet de premier plan dans la gestion des risques.
Certains la croyaient « morte », depuis toutes ces années où elle était bloquée à des niveaux anémiques. L’inflation reste pourtant un concept tout sauf théorique, comme le rappelle sa flambée ces derniers mois un peu partout dans le monde. Aux États-Unis tout d’abord, où elle est le reflet d’une surchauffe de l’économie à la suite des exceptionnelles stimulations budgétaires et monétaires de la crise sanitaire. En Europe aussi et surtout, où elle s’avère bien davantage une réaction à un choc d’offre, plus délicat à gérer. « En zone euro, l’inflation a été guidée par des éléments volatils, les plus difficiles à prévoir : l’énergie et l’alimentaire, souligne François Cabau, senior economist pour la zone euro chez Axa IM. Déjà à l’œuvre en 2021, la hausse des prix de l’énergie a connu, avec le conflit russo-ukrainien, un pic sans précédent dans un passé récent, avec une hausse de plus de 40 % contre plus de 16 % pendant la grande crise financière par exemple. Quant aux prix alimentaires, leur hausse a atteint 12 % sur un an, contre 6 % en 2008. » De fait, c’est plutôt aux années 1970 et 1980 qu’il faut remonter pour retrouver un tel environnement inflationniste.
Des hausses hétérogènes
Certes, ces composantes volatiles peuvent rapidement refluer, comme on l’a déjà constaté fin 2022 pour l’énergie. Mais les conséquences sur l’offre des entreprises devraient rester prégnantes plus longtemps.