Explosion de la demande, ressources financières qui ne suivent pas, pénurie de main-d’œuvre, crise de confiance… le modèle français de l’accompagnement du grand âge est sous pression. Guillaume Desnoës est convaincu qu’une troisième voie est possible, entre domicile et Ehpad, privé lucratif et public, taylorisme à tout crin et approche parfois trop artisanale. Le statut de société à mission pourrait être un bon cadre pour expérimenter cette autre façon de faire.
Développer une entreprise dans le secteur de la dépendance est-il toujours possible, notamment après le scandale Orpea ?
Guillaume Desnoës : En 2016, lorsque nous avons créé notre entreprise d’aide à domicile pour personnes âgées, nous n’avons pas fait d’étude de marché préalable : nous ne nous serions probablement jamais lancés sinon. Le secteur avait été ouvert à la concurrence dès 2005 et l’offre, très réglementée et peu rentable, était pléthorique. Notre motivation était plutôt de proposer une réponse alternative aux multiples problèmes rencontrés par le secteur, certes économiques, mais aussi humains, sociaux et environnementaux. En interrogeant les auxiliaires de vie, nous avons en particulier perçu les difficultés issues du modèle tayloriste en place : rémunérations basses, nombreux temps partiels subis, injonctions contradictoires qui détruisent la motivation des professionnels… Beaucoup de décisions sont prises au niveau de l’encadrement et conduisent à une déresponsabilisation des auxiliaires de vie.