Née du plan d’action sur la finance verte de 2018, la taxonomie verte vise à favoriser l’investissement dans la transition écologique. Son principe : donner un outil de classification pour identifier les activités économiques considérées comme durables. Cet outil, complexe et évolutif, peut-il réellement permettre d’éviter le greenwashing et favoriser le financement de la transition ?
Le 1er janvier 2022, un tournant majeur pour la finance ? Depuis cette date, les acteurs concernés – grandes entreprises, sociétés financières et d’assurances – et les produits financiers couverts par le règlement Disclosure ont l’obligation de constituer leur reporting extra-financier en se basant sur la taxonomie verte. Les entreprises non financières se doivent de publier la part durable de leur chiffre d’affaires, ainsi que de leurs dépenses d’investissement et d’exploitation. De leur côté, les entreprises financières sont tenues de dévoiler la part des actifs investis et finançant des activités économiques éligibles et alignées avec la taxonomie (pour les non initiés, lire ci-contre Taxonomie, mode d’emploi).
Sont concernées pour l’heure les entreprises qui comptent au moins 500 salariés. Mais la Commission européenne, au travers de ses futures réformes, envisage d’élargir ce champ en y intégrant toutes les sociétés cotées et non cotées de plus de 250 salariés. « Il s’agit d’une avancée majeure, dans la mesure où tout le non coté est pour l’heure hors champ », insistent, à l’Autorité des marchés financiers (AMF), Julie Ansidei, à la tête de l’unité stratégie et finance durable, et Frédéric Pelèse, directeur adjoint de la régulation et des affaires internationales. « La taxonomie couvre déjà 80 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne, ajoutent-ils, même si seuls 5 à 10 % de l’activité économique européenne seraient, pour l’instant, alignés sur les critères de la taxonomie. » Directrice d’un cabinet de conseil en actuariat, actuaire associée IA, Anne-Sophie Musset souligne également l’ambition de la réforme. Même si « l’idéal est bien sûr que la taxonomie s’applique à tous les acteurs », d’autant, rappelle-t-elle, que l’alignement des investissements sur les Accords de Paris n’est à ce jour en rien obligatoire.